3 mois chez les Wayana,
Pour mon stage de 4ème année j'ai eu la chance de participer au projet d'électrification du Haut Maroni lancé par EDF et réalisé par Sunzil Caraïbes.
Tout d'abord, une petite explication sur la situation géographique. Durant mon stage, j'ai travaillé dans les villages amérindiens de Taluhen, Antécume-Pata et Pidima tous les trois situés sur le fleuve Maroni à la frontière entre le Guyane française et le Suriname. Pour y accéder, il faut prendre l'avion depuis Cayenne jusqu'à Maripassoula (environ 1h de vol) puis ensuite la pirogue pendant trois heures pour rejoindre le village d'Antécume.
Durant ce stage, j'ai occupé le poste d'assistant conducteur de travaux sur des chantiers de construction de centrales photoélectriques en sites isolés. La différence entre une centrale en site isolé et une centrale reliée au réseau, est la présence de batteries pour le stockage d'énergie pour assurer une distribution continue d'électricité aux habitants des villages. La centrale de Twencké-Taluhen est une première mondiale en atteignant une puissance de 160 KWc. L'isolement des chantiers complique forcément le travail car le moindre problème devient extrêmement gênant surtout s'il faut commander du matériel. Il a donc fallu plusieurs fois faire preuve d'ingéniosité et de "débrouille" pour résoudre des problèmes improbables.
Une autre difficulté reste la barrière de la langue, car bien que situé sur le territoire français, les langues parlées sur le fleuve sont le brésilien, le Taki-Taki ( mélange d'anglais, de néerlandais et de portugais). Cette dernière fut créée par les esclaves fuyant les plantations de canne à sucre du littoral pour vivre libre sur le fleuve avant l'abolition de l'esclavage.Je suis arrivé à me faire comprendre par d'autres moyens puis a avoir des discussions de plus en plus élaborées avec les natifs sauf avec les indiens qui parlent le Wayana, langue impossible à comprendre car trop complexe sur une période courte de 3 mois.
Outre l'aspect professionnel unique, ce stage est aussi une expérience humaine sans précédent. Vivre au coeur d'un village Wayana pendant ces trois mois reste pour moi un souvenir magique. Découvrir leur culture et mode de vie a rendu ce stage exceptionnel. Bien sûr, le confort était spartiate, mais les conditions de vie sont largement acceptables même si les maisons n'étaient pas équipées d'eau courantes. Par contre, des robinets d'eau potable publics étaient installés dans le village. En ce qui concerne, l'hygiène personnelle on s'habitue très vite à prendre des bains dans les rivières, surtout en zone tropicale où la température extérieure est comprise entre 25 et 30 °C. J'ai été surpris par l'absence de lit et j'ai dormi dans un hamac comme les Wayana. C'est très confortable !
L'intégration dans le village se fait très rapidement grâce aux nombreuses fêtes organisées par les villageois : je suis parti pêcher, chasser pendant un weekend et j'ai dormi dans la forêt amazonienne. En remontant le fleuve et les rapides pour s'enfoncer dans la forêt permet de découvrir des paysages sauvages d'une beauté à couper le souffle. Les repas pris chez l'habitant m'ont permis de déguster les spécialités locales : piranha, singe, caïman ...et de mieux comprendre le fonctionnement du village. Un de mes meilleurs souvenirs fut de jouer avec les enfants du village dans la rivière. Ce moment de joie partagée me permettait de décompresser après la journée de travail.
Depuis cette expérience, je me pose beaucoup de questions sur moi même mais aussi sur notre mode de vie à l'occidentale. Avons nous besoin de tout "ce confort" ? Je suis devenu une personne qui peut s'adapter, qui peut faire face à n'importe quelle situation et qui trouve des solutions très rapidement pour chaque problème.
Je souhaite faire passer un message à tous ceux qui hésitent à partir : FONCEZ !
Profitez de toutes les occasions qui se présentent à vous pour vivre des expériences les plus folles possibles et surtout n'ayez pas de regrets en vous disant "Et si j'étais parti...?" Le dépaysement peut faire peur mais c'est aussi ce qui fait la beauté du voyage, alors allez y, l'aventure vous attend.
Tatwenkaï (au revoir en Wayana), et bon voyage !