Devenez un chef en matériaux composites !

Martin, ingénieur Polytech, publie son premier livre ''La cuisine des composites''

Martin Chambert, ingénieur Mécanique Matériaux Composites diplômé de Polytech Annecy-Chambéry en 2013, publie son  premier livre en anglais et en français, intitulé "Baking composites" ou "La cuisine des composites". Après presque 10 années de vie professionnelle passée entre le Canada et la France, il est aujourd'hui à la tête de deux entreprises, et écrivain à ses heures perdues.

Entretien avec martin, ingénieur passionné et passionnant

  •  Pourquoi avez-vous écrit ''La cuisine des composites'' ?

La cuisine des composites« À travers mon expérience professionnelle et personnelle, j’ai souvent dû expliquer ce qu’étaient les matériaux composites, que ce soit à des collègues designers, sur la ligne de production, ou à la famille, aux amis etc. Et la meilleure façon que j’ai trouvée de vulgariser ces matériaux sont des analogies à la cuisine. En effet, les ingrédients peuvent être comparés aux matériaux, les méthodes de cuisson aux procédés de moulage, et le dressage d’une assiette à la finition et l’assemblage de multiples pièces. Les retours sur ces explications sont toujours les mêmes : « Ça paraissait compliqué, mais en fait c’est juste de la cuisine ! », et je suis totalement d’accord avec ça.
Je suis passionné de ces matériaux, de leur mise en œuvre, et je suis convaincu que la plupart des applications bénéficierait de les utiliser. Mais pour que cela soit compris par le plus grand nombre, il faut vulgariser les explications, et j’espère que ce livre saura y parvenir.

Dans ce livre destiné à n’importe quelle personne sachant cuisinier des œufs et faire fondre du chocolat, j’aborde les analogies entre les matériaux composites et la cuisine. Les chefs cuisiniers sont chefs car ils possèdent une grande connaissance sur leurs ingrédients et outils de cuisine, et une forte expérience. Ce livre contient le minimum de connaissances sur les différents matériaux, procédés, types d’assemblages, etc. qu’une personne doit posséder avant de fabriquer sa première pièce en composite. Mais il propose aussi sous un format de ''recettes'' et quelques exemples à petit budget pour acquérir ses premières expériences !

Non il ne remplacera pas un diplôme, et personne ne devrait lire ce livre puis décider de fabriquer la structure du prochain avion de ligne, mais s’il peut permettre à certains de franchir le cap et de réaliser un sous-verre en carbone, idéal pour la vie étudiante, alors cela sera mission accomplie pour moi !

  • Quel est votre métier aujourd'hui ?

Depuis 2020 je suis entrepreneur à temps complet. J’ai fondé 2 sociétés, au Canada et en France. La première société C7 composites inc. propose des services de consultation en design et ingénierie, principalement pour les fabricants d’articles de sport, mais effectue également de la R&D sur le recyclage des composites thermodurcissables. Nous couvrons toutes les étapes de développement de produit, depuis l’idée jusqu’à la production de masse (business model, design, 3D, prototypage, préproduction, industrialisation..). Cette société est maintenant présente au Québec pour desservir les clients en Amérique du Nord, et en France pour la clientèle européenne.

La deuxième société est une start-up nommée Kid’Venture, et fabrique des remorques multisport pour les nouveaux parents sportifs. Ces remorques ont un châssis en composites, et embarque de l’électronique afin d’augmenter la sécurité de l’enfant tout en permettant aux parents de profiter de leur activité sportive.

Il serait difficile de donner un nom à mon métier actuel. Entrepreneur correspond le mieux car cela couvre une multitude de métiers que je pratique au quotidien. Tantôt designer, tantôt ingénieur structure faisant des analyses par éléments finis, mais également maquettiste, artiste graphique ou ingénieur qualité, cela dépend des étapes d’avancement de chaque projet sur lequel je travaille et permet l’apprentissage de nouvelles connaissances au quotidien.

  • Qu'est ce qui vous passionne dans votre métier ?

La création et le développement de produits sont pour moi une source de motivation incroyable. Cela implique tellement de champs d’expertises ou d’approches différentes, qu’il est presque impossible de développer de la même façon 2 fois un même produit. Chaque jour, on fait face à un problème ou une avancée différente et l’apprentissage de nouvelles compétences permet de s’améliorer. Les retours d’expérience des testeurs ou clients satisfaits, mais surtout des testeurs insatisfaits permet de se remettre en question quotidiennement et de ne pas se reposer sur ses lauriers. Les campagnes marketing, l’optimisation des coûts, l’augmentation de la performance des produits, l’apparence visuelle, la tarification des marges, les contraintes d’expédition sont des éléments qui ont tendance à vouloir tous s’affronter, et notre métier est de trouver le meilleur compromis qui satisfera la majorité.

  • Comment avez vous trouvé votre stage ingénieur ?Martin Chambert, ingénieur Polytech

Pour un devoir d’anglais en 5e année, nous devions faire une présentation sur un article en anglais dans notre domaine d’études (Matériaux composites). J’avais trouvé un article sur les crosses de hockey et l’utilisation de « kickpoints » qui avait en interview le directeur de l’unité des bâtons de hockey de la plus grande marque connue. J’avais alors envoyé un e-mail à cette personne en utilisant le format prénom.nom@société.com, sans grand espoir de réponse, lui expliquant que j’avais lu l’article et qu’étant à la recherche d’un stage de fin d’études à l’étranger, je tentais ma chance et que je serais prêt à venir 6 mois au Québec pour travailler à leurs côtés. 2h plus tard, je recevais un email en retour me proposant un appel téléphonique, et me retrouvais stagiaire dans le groupe des crosses de hockey à 50km de Montréal quelques mois plus tard. Au bout de quelques semaines seulement, on m’offrait un poste dans cette entreprise (que j’avais d’ailleurs décliné sur le moment car je ne pensais pas rester vivre au Canada). Après une plus grande réflexion, j’ai décidé d’accepter l’offre et de voir où cela me conduirait.

  • Et ensuite ?

J’ai travaillé de 2013 à 2017 pour cet employeur, dans le groupe de recherche avancée sur les composites, où j’ai développé des dizaines de crosses de hockey en composites, mais aussi travaillé sur des manches de Lacrosse, des battes de baseball, des patins, de l’équipement de protection, fait de l’analyse par éléments finis sur tous les produits et où je passais presque 3 mois par an dans les usines de production en Chine.

Au bout de 4 années, c'est une période difficile lorsque l’on est expatrié. On est à la fois plus vraiment français, mais pas non plus québécois, nos familles, amis, culture sont d’un côté de l’océan, mais le travail, la qualité de vie et ses affaires sont de l’autre et cela apporte son lot de tensions et frustrations. Je démissionne pour retourner en Europe, où je deviens directeur technique pour Hypetex, qui produit du carbone coloré, et où j’aide les clients à utiliser nos matériaux sur leurs produits. C’est un déclic, car j’adore trouver des solutions à un problème, et encore plus lorsque cela se passe sur des dizaines de produits, tous plus différentes les uns que les autres. Des vélos, des œuvres d’arts, des vêtements en carbone, de l’équipement high-tech…je suis exposé à une multitude de projets différents afin de les aider dans le développement. Mais le retour en Europe ne sera finalement que de 6 mois.

En effet, je suis contacté par mes anciens compétiteurs et on me propose une offre que je ne peux refuser. Cela implique de retourner au Québec, mais cette fois-ci avec des conditions bien plus favorables, permettant de lier vie personnelle et professionnelle de façon plus sereine. Cependant, si le retour au travail sur des produits de hockey amène son lot de challenges (après tout, il faut se battre contre ses propres produits et donc devoir repartir d’une feuille blanche), cette expérience de travail avec Hypetex me donne l’envie de fonder ma propre société qui travaillera sur plus de produits. Je souhaite également faire avancer le recyclage des composites thermodurcissables car j’ai fait produire des centaines de milliers d’équipements de sports dans mon début de carrière, et que malheureusement, ces produits vont un jour finir dans des sites d’enfouissements.

En Novembre 2019 je fonde, en parallèle de mon emploi C7 composites inc qui aura pour mission d’allier ces deux « envies » en aidant à la fois les entreprises à développer leurs produits en composites tout en travaillant sur une solution pour leur fin de vie.
En Mars 2020, avec 3 associés français, nous fondons également la société Kid’Venture.
En Juin 2020, je démissionne de mon employeur, et celui-ci m’offre mon premier contrat de consultant.
Nous sommes en juin 2022 aujourd’hui, et il s’agit toujours d’un client fidèle, tandis que C7 composites s’est également implanté en France et que Kid’Venture est en marge de commencer la production des remorques qui seront implantées dans les villes et stations de skis françaises.

  • Un message à  transmettre ?

À tous les élèves, j’aimerais vous donner comme ''conseil'' de travailler sur votre anglais oral. Non pas pour obtenir votre TOEIC, mais pour vous-même. Vous serez en effet prochainement dans le monde du travail, dans un domaine généralement technique et de pointe. Pour la plupart des informations que vous allez recevoir, des fournisseurs que vous allez rencontrer ou des voyages que vous allez faire, l’anglais vous servira à évoluer bien plus rapidement. Les compétences techniques que vous allez obtenir durant votre formation seront alors mises à leur avantage.
Sachez que la formation technique fournie par l’école est de qualité. Pour avoir régulièrement l’occasion de comparer ce que j’ai appris à l’école, avec des personnes ayant supposément le même niveau d’études dans le même domaine mais dans d'autres régions du monde, vous serez des rockstars !

A mes enseignants, merci du temps et de l’énergie que vous avez pu passer à nous transmettre vos connaissances. Et ce, même les vendredis matin ! J’utilise encore aujourd’hui comme outils certains documents préparés pour des travaux dirigés lors de vos cours ! Le plus important dans notre domaine est d’avoir les bonnes méthodes et les bons outils, à nous ensuite de les utiliser de la meilleure des manières possibles. Alors un grand merci de nous avoir donné ceux-ci ! »

Où se procurer le livre ''La cuisine des composites'' ?

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